C’est pas tous les jours que l’on parle de rap français sur Pleaz. Mais le nouvel album d’Oxmo Puccino nous pousse à passer le cap. Roi sans carrosse est la nouvelle sortie du rappeur parisien. Depuis Mama Lova en 1997, il a toujours su tirer son épingle du jeu en offrant des albums se démarquant de ce que certains osent encore appeler le rap français. Des paroles pleines de métaphores qui font de lui, sans doute, l’un des meilleurs auteurs de sa catégorie. Il manie la langue française comme peu savent encore le faire dans le rap aujourd’hui, rendant ainsi ses lettres de noblesse à un univers qui mérite qu’on lui accorde le savoir-faire nécessaire.

Celui qui aura fait l’unanimité tout au long de sa carrière revient donc avec un 6e album Roi Sans Carosse. Dès la première écoute on en reconnait la qualité : il sort cet opus comme s’il avait encore besoin de faire encore ses preuves. Toutes les instrus, toutes les paroles sont très travaillées. Rien n’est laissé au hasard pour aller au droit au but. Lors de cette première écoute on aimera l’instru du titre Artiste, le duo formé avec la chanteuse Mai Lan sur La danse couchée et on s’arrêtera sur Le vide en soi : Point d’orgue de cet album, une instru teintée de jazz, simple et terriblement efficace, associée à des paroles d’une mélancholie sans nom. Il le dit mieux que personne : « Cette chanson se sirote en pleurant ». On appuiera sur replay sans hésiter.

Avec un certain étonnement (il faut l’avouer) on réalise que l’on en est déjà à la deuxième écoute. Et on comprend alors tout le talent du « Black Jacques Brel » : avoir l’impression de ne jamais écouter les mêmes chansons, instrus et rythmiques  variées, thèmes abordés différents, et en même temps avoir l’impression d’entrer dans un univers particulier tant il réside une unité dans cet album. Unité qui repose sans doute dans la voix d’Oxmo Puccino : c’est tout simplement un rappeur qui chante bien. À l’instar du titre Pam-Pa-Nam où l’on visite la capitale avec ses yeux.

L’album se termine sur le tire Roi sans Carosse, guitare et voix nous suffisent pour entrer encore plus dans l’intimité de cet album. Et surtout pour nous pousser à vouloir le voir en live. On ne peut s’empêcher d’imaginer le bonheur que serait le concert pour un tel artiste. Un Bataclan le 20 Novembre d’ores et déjà complet, mais une séance de rattrapage est encore possible : il sera présent lors du Brain festival (dont les ventes de billets iront à la recherche sur les maladies neuro-dégénératives), ainsi que le  1er Juin 2013 au Zenith de Paris. On regrettera de ne pas avoir pris nos places plus tôt pour assister à ce live dans une salle nettement plus intimiste.