19h samedi 16 avril. Terrasse du café de la Gaîté Lyrique à Paris. Déjà plus d’un mois que je me suis retrouvée à discuter autour d’un verre avec Rone dans le cadre de la semaine InFiné à la Gaîté Lyrique. Plus d’un mois que je n’avais osé réécouter les bandes sonores de cette chouette rencontre.

Peut-être afin de conserver plus longtemps ce souvenir personnel ou bien aussi juste parce que ce jour là nous avons dialogué plus d’une heure sans donner de véritable direction à l’entretien ! Après Agoria, Arandel et Spitzer, c’est au tour de Rone de nous raconter ses souvenirs, son approche du live et enfin de son actualité musicale. A l’occasion de la sortie de son nouvel Ep So So So, véritable perle techno cristalline, Rone sera en live ce soir au Rex Club à Paris pour une soirée spéciale inFiné.

Cet artiste d’exception n’est à manquer sous aucun prétexte ! Retour donc sur une rencontre « simple, sobre et crue» comme dirait son ami Alain Damasio dans le morceau Bora! Bonne lecture et veuillez encore m’excuser pour ce retard !

Qui est Rone ?

Rone c’est moi depuis que je fais de la musique. C’est mon « blaze » comme on dit quand je fais du son. En fait pour la petite histoire, j’avais choisi R.One comme nom de scène pour ma première date officielle inFiné (R.one pour Erwan mon prénom).

Le graphiste qui faisait le fly à l’époque avait oublié de mettre le point entre le R et le O et depuis c’est resté Rone.

Tu parlais de cette fameuse première date officielle. Tu peux nous en parler ?

Oui c’était il y a trois ans. Cette date est assez marquante pour moi puisque je jouais en dj set avec Danton Eeprom pour la première fois en tant qu’artiste InFiné. La soirée avait lieu au Bus Palladium avec toute l’équipe que je ne connaissais pas encore.

J’étais un peu le petit nouveau qui faisait la warm up de la soirée. Je me souviens très bien de ce mélange d’excitation et d‘appréhension…J’en garde un très bon souvenir !

Les gens te connaissent plutôt en tant que live performer. Comment as-tu bifurqué vers cette approche musicale ?

Il est vrai que je joue rarement en dj set de nos jours. Mais j’aime beaucoup aussi cet exercice. C’est chouette de mixer la musique des autres. J’ai découvert le live naturellement en farfouillant avec mon ordinateur et j’en suis devenu accro. Personnellement, je trouve que c’est une recherche musicale palpitante et inépuisable.

Pour moi, il y a une vraie prise de risque puisque tu joues ton son du début à la fin. De plus, techniquement ça m’a vraiment intéressé. Il y a un peu une approche de l’ordre du mix dans ma façon de faire du live d’ailleurs.

Je prépare en amont des boucles rythmiques et mes propres sons via l’ordinateur afin d’avoir une assise bien solide. Puis vient la partie un peu plus improvisée et spontanée avec le midi que j’explore sur le feu de l’action.

J’essaie de dompter ma machine en direct (rires). Le midi est un outil  de travail ultra puissant qui te permet d’explorer une quantité infinie de possibilités musicales. J’aime l’idée de l’accident et de cette exploration en direct. Il y a une forme d’inconnu très palpitant. Je dirai même qu’il y a une approche presque punk dans le live !

Les mecs trouvent une guitare sans savoir y jouer et d’un coup  « God save the queen » des Sex Pistols. Aborder la musique sans avoir eu un parcours de musicien classique peut être fascinant et plein de belles surprises !

Ce soir tu joues un live à la Gaité Lyrique dans le cadre d’une très belle semaine consacrée à ton label InFiné Music. Que vas-tu nous concocter ?

Le live que je vais proposer ce soir n’est pas totalement inédit dans le sens où je l’ai déjà joué en public. La nouveauté sera dans la manière d’exécuter les éléments sonores à l’intérieur même de ce même cadre. L’idée est toujours d’emmener le public et de le surprendre.

Parfois je fais des performances complètement improvisées et là c’est vraiment l’exploration totale ! J’aime me surprendre aussi (rires) c’est très existant ! La vraie erreur, c’est de ne pas prendre de risque…

Voici le live de Rone à La Gaîté Lyrique du 16 avril 2011:

Peux-tu nous raconter ta première expérience live ?

C’était à l’époque où je venais de sortir mon maxi « Bora » en 2008 chez InFiné. Agoria (dj/producteur et l’un des fondateurs du label) m’a appelé un soir pour me proposer de faire un live au Rex club où il jouait aussi. Instinctivement j’ai dis oui. Heureusement car en y réfléchissant j’aurai refusé par peur! La date avait lieu dans trois semaines et je n’avais rien de prêt.

Je me suis enfermé et j’ai bossé comme un dingue ! Pour ce live, je savais exactement ce que j’allais jouer au potard prêt !

Je me souviens avoir passé des nuits blanches à paniquer et à bosser… Au final, tout c’est bien passé et le public m’a beaucoup soutenu pour cette première expérience..ça reste un super souvenir !

Comment l’aventure InFiné a commencé pour toi ?

Le net a été un des déclencheurs… A la base je faisais de la vidéo et je dois avouer que je planais un peu à l’époque (rires). Je produisais aussi de la musique depuis un bon nombre d’années seul dans ma chambre. J’adorai ça, mais honnêtement je n’avais aucune ambition d’en faire un métier…

Des potes à moi ont commencé à envoyer leur démos dans des labels et l’un d’entres eux m’a encouragé à faire de même… Je ne connaissais pas du tout ce milieu et je n’avais aucune idée à qui envoyer mon son.

J’écoutais beaucoup Apparat à l’époque donc tout naturellement j’ai sollicité InFiné et Bpitch Control.

A ma grande surprise, les deux m’ont répondu positivement… J’ai pris un tout petit peu plus confiance en moi après ça (sourires). La suite on la connaît !

InFiné donc ! (sourires)

Oui et le choix fut en grande partie grâce au contact humain. Je ne connaissais pas bien Alexandre Cazac (l’un des deux autres fondateurs du label avec Yannick Matray) mais il y a des échanges sympa par mails puis une rencontre avec Agoria dont je connaissais bien le travail.

Le courant est tout de suite passé. Le label démarrait, c’était touchant et très excitant à la fois. Je me souviens des potes me disaient « ouais mais quand-même Bpitch !! » (rires)

Quel morceau avais-tu envoyé au label ?

C’était Bora mais sans la voix de mon ami écrivain Alain Damasio. Je savais qu’il manquait quelques chose à ce morceau… Ce n’était pas une cymbale, pas un synthé (rires) mais la voix magique d’Alain !

Ce que je trouve personnellement marquant dans ta musique c’est ce contraste très réussi entre des mélodies très touchantes et ces rythmiques tranchantes. Tu es sensible à la mélodie en général ?

Oui et j’adore Gainsbourg ou Chopin par exemple. La mélodie est généralement le point de départ de mes prods. Mais j’aime aussi l’aspect ultra répétitif et rythmique que l’on retrouve dans la techno..ça en devient presque mélodieux d’ailleurs..

Ton nouvel Ep So So So sort le 16 mai sur InFiné. Agoria, récemment interviewé aussi pour Pleaz, nous racontait qu’il t’avait énormément encouragé pour cet Ep.

Oui en effet, il m’a encouragé à creuser d’avantage et il m’ a poussé dans mes tranchées. J’ai fait presque 30 versions différentes avant le morceau définitif (rires). Le premier album s’est fait lui tellement naturellement et naïvement en seulement trois semaines.

Il y a peut être une histoire de pression pour le deuxième. On a envie d’être à la hauteur. Parfois c’est bien plus difficile de créer du son en l’intellectualisant. Et puis je trouve que la musique intuitive a beaucoup plus de charme et de surprises en général.

Je me demande souvent si les artistes iraient acheter leur propre musique. Qu’en penses-tu ?

J’aime écouter mon son quand je le joue en live pour les autres. Personnellement j’ai beaucoup de mal à écouter du Rone ou alors peut-être plus sous un aspect technique. Il reste tout de même quelques petites exceptions comme le titre de Bora avec la voix d’Alain.

Merci à InFiné Music, à la Gaité Lyrique et à Rone. Un grand merci aussi à Virginie et Thibault qui ont permis cette rencontre.

Retrouvez RONE sur scène demain samedi 28 mai au Rex Club à Paris et prochainement aux Nuits Sonores à Lyon le jeudi 2 juin – Sound Factory – Scène 2 – 00h00 / 01h00

Plus d’informations sur Rone:
Infine Music: http://www.infine-music.com/artist/3/rone
Myspace de Rone : http://www.myspace.com/rone0
Nuits Sonoreshttp://www.nuits-sonores.com/rone.html