Vendredi vingt-quatre juin.
9h30.
Douze Place Vendôme.

La colonne pique le ciel azur et pour un peu l’ombre de Jules Hardouin-Mansart nimbe nos têtes sémillantes.

Une journée particulière dites vous ?
J’opine.
Car c’est de l’orde de l’aubaine que d’être reçus en avant première de la deuxième édition des Journées Particulières du groupe LVMH, pour une visite guidée, de la Maison Chaumet de surcroît !

Douze Place Vendôme, donc.
Un peu hagards devant la façade extérieure qui est actuellement en cours de restauration mais face à la provisoire devanture où se déploient les nobles lettres Journées Particulières on ne peut qu’être rassurés de constater que nous sommes belle et bien à la bonne adresse !
Lieu de prestige, nous sommes devant le siège de Chaumet, célèbre maison française de joaillerie, de bijouterie et d’horlogerie qui abrite en son écrin les salons historiques, de nombreuses archives, le studio de création, l’atelier de haute joaillerie ainsi que la boutique phare.

Vite conviés à s’infiltrer au sein de l’édifice, à fouler le tapis recouvrant quelques marches, et pénétrer dans le hall, nous voici ceints par deux portraits en pied : celui de Joséphine de Beauharnais faisant face à Marie Louise de Habsbourg-Lorraine, toutes deux dotées de reluisantes parures.
Comme nous en avise Béatrice De Plinval, Directeur du Patrimoine Chaumet, ces deux émérites personnages féminins, épouses de Napoléon Ier furent d’illustres figures dans l’histoire de la maison qui, en 1802, devint le joaillier attitré du futur premier empereur des français.
L’histoire de la maison Chaumet se révèle alors parfaitement inhérente à l’Histoire de France et nous apprenons par exemple qu’il revient au fondateur de Chaumet, Marie-Etienne Nitot, de dessiner puis de sertir la couronne du sacre de Napoléon. Mais aussi de confectionner les bijoux de mariage de ce dernier.
Ainsi, Josephine comme Marie-Louise ont su mettre les joyaux de la maison à la mode et ont été le ferment d’opulentes et somptueuses commandes pour Chaumet. Elles paradent donc, à juste titre, en exorde à la visite.

À l’invitation de la Directrice du Patrimoine Chaumet, nous nous engageons dans le Grand Salon classé Monument historique. Le raffinement du parcimonieux mobilier, des moulures, du lustre ainsi que la finesse de la marqueterie au sol évoquant la rose des vents sont d’un charme exquis.
Nous apprenons non sans émoi qu’ici même, Chopin fit frémir les cordes de son piano en jouant ses Valses.
Nous nous arrêtons ensuite – pour un trop bref instant à mon goût – dans le cabinet de dessins où sont exposées, pour le ravissement de nos yeux, des esquisses dont la finesse et la préciosité sont à couper le souffle. A peine le temps de recouvrer sa respiration, nous avons accès à une autre pièce dans laquelle sont présentés d’époustouflants diadèmes, une bayadère en semences de perles fines, des barrettes articulées de diamants, ou bien encore des broches composées d’un essaim de pierres précieuses en forme d’aile d’aigrette ou de colibri.
Nous sommes ensuite accueillis dans l’ancien atelier des enfileuses de perles au sein duquel on nous présente le processus de création d’une bague. Nous rencontrons deux dessinatrices penchées sur leurs maquettes préparatoires, deux parmi les quatorze artisans ainsi que le chef d’atelier Pascal Bourdariat, qui, magnanime et passionné nous décrit les diverses étapes de la confection d’un bijou. Il nous raconte avec partage et disponibilité son travail, ses recherches, évoque son plaisir à tendre l’oreille auprès des commanditaires, et naturellement, nous communique sans peine son adoration pour les pierres précieuses !

Les yeux luisant de rêve, béats de cet instant exceptionnel, nous quittons, un peu à contre cœur, ce lieu enchanteur. Ravis d’avoir effleuré les arcanes de la maison Chaumet à l’occasion de cette visite privilège, la journée s’annonce radieuse !