Après un concert au Showcase, à Paris, le 19 octobre 2012, le producteur de « Nightcall », nouvellement signé sur le label Mercury, vient de sortir le 25 février 2013 son premier album intitulé Outrun après 3 ans de travail en studio. Vincent Belorgey, plus connu sous son nom de scène Kavinsky, figure comme étant comme l’un des artistes les plus talentueux de la scène électro française grâce à son personnage de comics immédiatement reconnaissable par son look et son electro très eighties.

 

Cet ancien cancre de 37 ans qui a abandonné l’école pour enchaîner les jobs, a rejoint le mouvement electro en tant que Kavinsky au début des années deux-mille. Il sort son premier EP, Teddy Boy, en 2006, avant d’arpenter l’année suivante avec Klaxons et SebastiAn, les plus grandes scènes de la tournée mondiale de leurs amis les Daft Punk. Davantage présent sur scène que dans les studios, Vincent Belorgey produit peu et n’est pas connu du grand public. En 2007 puis en 2008, il sort deux nouveaux EP : 1986 et Blazer

Parallèlement à son travail de musicien, Kavinsky s’est aussi essayé comme acteur dans les courts-métrages et les films de ses amis. On le retrouve notamment en 2007 dans Steak de Quentin Dupieux (Mr. Oizo), mais aussi dans Nonfilm en 2001 ou encore Ultranova en 2005 de Bouli Lanners :  » Je tournais l’été, ça me plaisait assez pour laisser tomber tous mes petits boulots, et, l’hiver, j’essayais de trouver des rôles. Mauvaise expérience pour moi. Me pointer à des castings m’a coupé tous mes moyens. Finalement, Quentin m’a passé un ordinateur, et je me suis mis à faire de la musique.  »

 

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Le titre  « Nightcall », produit par Guy-Manuel de Homem Christo (membre du groupe Daft Punk) pour Record Makers et mixé par SebastiAn, est la première chanson de Kavinsky. Il s’agit en fait d’un duo entre lui et sa petite amie, Lovefoxxx de CSS ! Sorti en 2010, ce morceau devient un véritable tube en 2011 lorsque cette musique envoûtante se retrouve sur la bande originale du road movie Drive, à la grande surprise de Vincent Belorgey :  » Le morceau n’avait pas marché à sa sortie, reconnaît-il. Mais avec Guy-Man, on était contents de sa consistance. Ce n’était pas un disque qui passait en club. C’est très lent, le meilleur moyen de faire fuir les gens de la piste de danse « .  Kavinsky était déjà en train de composer son premier album quand le succès de Drive est arrivé.

Il est vrai que depuis le temps qu’on attendait cet album, certain ont pu être déçus de ne pas trouver davantage de titres inédits créant la surprise. Mais parmi les 13 morceaux de l’album, quelques tracks se distinguent autour de l’incontournable Nightcall.

Au fil des titres, cet album instrumental  déploie toute sa puissance dans une ambiance cinéma fantastique à l’atmosphère très eighties... Outrun, est un film à lui tout seul et retrace l’histoire du personnage de Vincent Belorgey. Kavinsky, meurt dans un accident de voiture au volant de sa Testarossa en 1986 et réapparait, en 2006, ressuscité en zombie. Il sort alors son premier EP, Teddy Boy.Dès lors, il se produit partout à la surface du globe, ses disciples se multiplient et les foulent se pressent pour être témoin du miracle : même mort, Kavinsky est toujours vivant.

 

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Track by track, voici l’excellente critique de Green Room Session :

1 « Prelude »: En voiture ! On débute le voyage avec une introduction qui annonce la couleur. Chorale de synthés, chœurs virginaux, basses distordues, la messe sonore n’est pas loin. Ça roule vite et bien.

2 « Blizzard » : Quand on grimpe une côte avec Kavinsky, c’est pour mieux apprécier la descente. Le français prend son temps pour nous faire rouler, et danser, à la vitesse qu’il veut. Un des meilleurs morceaux de l’album.

3 « Protovision » : Premier single de Outrun, « Protovision » a une vibe très 80′s avec un synthé qui louche vers la guitare électrique rock. Un morceau dense et agréable, mais pas indispensable.

4 « Odd Look » : Les voix vont bien à Kavinsky. Odd Look a une saveur soul, mâtinée des beats étouffés. Le vocal auto-tuné de cette chanson nous rappelle furieusement le morceau « Embody » de SebastiAn… qui produit logiquement le morceau.

5 « Rampage » : La surprise de l’album. Kavinsky n’a peur de rien et retravaille à merveille un des thèmes sonores de la série Dragon Ball Z ! Il propose une ambiance menaçante, entre la filature musicale et l’espionnage cinématographique. Et forcément, ça tape dans le mille.

6 « Suburbia » : Kavinsky s’essaye à la production hip-hop avec « Suburbia », qui accueille Havoc de Mobb Deep au micro. Un mélange des genres pas désagréable, qui ouvre certains horizons aux producteur, qu’on aimerait voir plus souvent en travailler avec des featurings comme celui-ci.

7 « Testarossa Autodrive » : Pas de mésentente, c’est l’un des meilleurs morceaux de Kavinsky. Problème : il a six ans au compteur. Sortie de route.

8 « Nightcall » : La chanson-étalon pour Kavinsky, qui grâce à elle, a gagné une audience mondiale, chanson sur laquelle on a tout dit mais qu’on écoutera encore dans 10 ans. Toujours imparable.

9 « Dead Cruiser » : À ce moment précis, on prend l’autoroute et le rythme accélère. Kavinsky donne dans l’exercice de style avec ce très bon morceau qui conviendra aux sportifs en entraînement intensif.

10 « Grand Canyon » : Baisse de régime. Morceau un peu facile, on aurait apprécié un twist pour la rendre vraiment intéressante. Du Kavinsky dans le texte (le morceau original, dont celui-ci est une réinterprétation, date d’ailleurs de plusieurs années), mais qui reste sagement sur sa file.

11 « First Blood » : A la manière de « Suburbia », c’est cette fois une production pour voix R’n’B/soul que Kavinsky élabore. Et le français a le chic pour utiliser intelligemment les vocaux, ce qui rend ce type de morceaux réellement originaux. On en veut encore.

12 « Road Games » : Kavinsky n’est jamais aussi bon que quand il prend son temps. « Road Games », l’un de ses anciens morceaux, en est l’exemple parfait, et pour le coup, un des meilleurs morceaux de l’album avec une mélodie qui reste en tête et une approche minimaliste qui colle.

13 « Endless » : Fin de parcours, fin d’album, on achève l’opus sur une touche lente. Morceau miroir de la piste d’ouverture, Kavinsky achève sa narration. On finit avec les mimiques habituelles du producteur français : des synthés empilés et une basse puissante.

 

Dans l’ensemble, Outrun plaira aux fans de Kavinsky. On aurait aimé qu’il poursuive la voie de « Nightcall », il a préféré celle de « Testarossa Autodrive ». Chacun son public, mais en tout cas, le français sait faire plaisir à qui veut bien l’entendre.

 

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