Oubliez tous ces groupes d’électro pour tête de gondoles, Jim Ferraro est le synonyme de l’inverse. Certainement condamné à rester dans un certain anonymat, sa musique, à la fois hostile et hospitalière, n’en demeure pas moins universelle. Universelle car elle retranscrit de manière concrète le son de notre société moderne ultra-digitalisée.

On ne va pas se mentir plus longtemps, évoquer James Ferraro n’est pas un exercice anodin, tant cette figure mythique de la scène expérimentale new yorkaise est un personnage à part. Plus de quarante albums en dix ans de carrière, chacun à user autant que nos Vans, ce skater en jette. S’il compose aussi vite que son ombre c’est parce qu’il a besoin de réagir au monde qui l’entoure. Le cerveau malaxé dans un univers de science-fiction, James Ferraro en extrait des expérimentations de pop déviantes qui croisent les nappes synthétiques d’Animal Collective ou de Philip Glass aux sons futuristes des eighties. Pour faire simple dans cette œuvre profonde et compliquée, c’est comme si Steve Reich, Animal Collective et Ariel Pink’s  avaient collaboré à la bande sonore d’un film mélancolique et geek de la deuxième moitié des années 80. On ne peut être plus clair.

James Ferraro rêve de conquérir le ciel et le monde numérisé. Auréolé du titre « Meilleur album de l’année 2011 » par le très sérieux et très spécialisé magazine anglais The Wire, son album Far Side Virtual n’est pourtant qu’une étape supplémentaire dans sa carrière. Jamais rétrograde ou dans la prétention futuriste, celui qui voulait devenir acteur plutôt que compositeur, et qui a eu la révélation en écoutant un concerto de J-S Bach, mène sa démesure au présent. Vers l’infini et l’au-delà.

James Ferraro – ‘Far Side Virtual’ by Hippos In Tanks